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PREMIÈRE PARTIE. — LIVRE I.

d’une densité infinie, qui réagit sur les deux corps et dont l’action l’un sur l’autre n’est plus qu’indirecte.

Nommons l’action que exerce sur au moyen d’une droite inflexible et sans masse, qui est supposée unir ces deux points. En concevant cette droite animée de deux forces égales et contraires et , la force détruira dans le corps une force égale à et la force de la droite se communiquera tout entière au corps Cette perte de force dans occasionnée par son action sur est ce que l’on nomme réaction de ainsi, dans la communication des mouvements, la réaction est toujours égale et contraire à l’action. L’observation fait voir que ce principe a lieu dans toutes les actions de la nature.

Imaginons deux corps pesants et attachés aux extrémités d’une droite horizontale, inflexible et sans masse, qui puisse tourner librement autour d’un de ses points. Pour concevoir l’action de ces corps l’un sur l’autre lorsqu’ils se font équilibre, il faut supposer la droite infiniment peu rompue à son point fixe, et formée de deux droites faisant à ce point un angle qui ne diffère de deux angles droits que d’une quantité infiniment petite Soient et les distances de et au point fixe ; en décomposant la pesanteur de en deux forces, l’une agissant sur le point fixe, l’autre dirigée vers cette dernière force sera étant la pesanteur. L’action de sur sera pareillement en égalant donc ces deux forces, en vertu de l’équilibre, on aura ce qui donne la loi connue de l’équilibre du levier, et fait en même temps concevoir l’action réciproque des forces parallèles.

Considérons présentement l’équilibre d’un système de points sollicités par des forces quelconques, et réagissant les uns sur les autres. Soient la distance de à la distance de à la distance de à soient encore l’action réciproque de sur celle de sur celle de sur enfin, soient les forces qui sollicitent et les droites prises depuis leurs origines jusqu’aux corps