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MÉCANIQUE CÉLESTE.

celle qui convient à l’équation , ce qui est contre toute vraisemblance. D’ailleurs la vitesse de la Terre varie dans les diverses saisons de l’année : elle est d’un trentième environ plus grande en hiver qu’en été. Cette variation est plus considérable encore si, comme tout paraît l’indiquer, le Système solaire est en mouvement dans l’espace ; car, selon que ce mouvement progressif conspire avec celui de la Terre, ou selon qu’il lui est contraire, il doit en résulter, pendant le cours de l’année, de grandes variations dans le mouvement absolu de la Terre, ce qui devrait altérer l’équation dont il s’agit et le rapport de la force imprimée à la vitesse absolue qui en résulte, si cette équation et ce rapport n’étaient pas indépendants du mouvement de la Terre : cependant l’observation n’y fait apercevoir aucune altération sensible.

Voilà donc deux lois du mouvement : savoir, la loi d’inertie et celle de la force proportionnelle à la vitesse, qui sont données par l’observation. Elles sont les plus naturelles et les plus simples que l’on puisse imaginer, et sans doute elles dérivent de la nature même de la matière ; mais, cette nature étant inconnue, elles ne sont pour nous que des faits observés, les seuls, au reste, que la Mécanique emprunte de l’expérience.

6. La vitesse étant proportionnelle à la force, ces deux quantités peuvent être représentées l’une par l’autre, et tout ce que nous avons établi précédemment sur la composition des forces s’applique à la composition des vitesses. Il en résulte que les mouvements relatifs d’un système de corps animés de forces quelconques sont les mêmes, quel que soit leur mouvement commun ; car ce dernier mouvement, décomposé en trois autres parallèles à trois axes fixes, ne fait qu’accroître d’une même quantité les vitesses partielles de chaque corps parallèlement à ces axes ; et comme leur vitesse relative ne dépend que de la différence de ces vitesses partielles, elle est la même, quel que soit le mouvement commun à tous les corps : il est donc impossible alors de juger du mouvement absolu d’un système dont on fait partie, par les apparences que l’on y observe, et c’est ce qui caractérise la loi de la proportionnalité de la force à la vitesse.