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qu’elles expliquent les inégalités singulières observées dans le mouvevement du troisième satellite. Mais les variations des excentricités ont-elles des limites, et les orbites sont-elles constamment peu différentes du cercle ? C’est ce qu’il importe d’examiner. Nous venons de voir que, si les racines de l’équation en sont toutes réelles et inégales, l’excentricité de l’orbite de est toujours moindre que la somme des coefficients des sinus de l’expression de pris positivement ; et, comme ces coefficients sont supposés fort petits, la valeur de sera toujours peu considérable. En n’ayant donc égard qu’aux variations séculaires, on voit que les orbites des corps ne feront que s’aplatir plus ou moins, en s’éloignant peu de la forme circulaire ; mais les positions de leurs grands axes éprouveront des variations considérables. Ces axes seront constamment de la même grandeur, et les moyens mouvements qui en dépendent seront toujours uniformes, comme on l’a vu dans le no 54. Les résultats précédents, fondés sur le peu d’excentricité des orbites, subsisteront sans cesse, et pourront s’étendre à tous les siècles passés et à venir ; en sorte que l’on peut alors affirmer que, dans aucun temps, les orbites des planètes et des satellites n’ont été et ne seront considérablement excentriques, du moins si l’on n’a égard qu’à leur action mutuelle. Mais il n’en serait pas de même si quelques-unes des racines étaient égales ou imaginaires ; les sinus et les cosinus des expressions de correspondants à ces racines, se changeraient alors en arcs de cercle ou en exponentielles, et, comme ces quantités croissent indéfiniment avec le temps, les orbites finiraient, à la longue, par être fort excentriques ; la stabilité du système planétaire serait alors détruite, et les résultats que nous avons trouvés cesseraient d’avoir lieu. Il est donc très-intéressant de s’assurer que les racines sont toutes réelles et inégales. C’est ce que l’on peut démontrer d’une manière fort simple pour le cas de la nature, dans lequel les corps du système circulent tous dans le même sens.

Reprenons les équations (A) du no 55. Si l’on multiplie la première par la seconde par la troisième par la