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NOTICE SUR LE GÉNÉRAL MARQUIS DE LAPLACE.

Si le Système métrique français, à la création duquel son illustre père avait pris une part prépondérante, s’est établi définitivement dans notre pays et s’il s’est étendu chez la plupart des nations civilisées, il serait injuste d’oublier qu’on le doit en grande partie à ses soins pérsévérants. Mettant tour à tour en jeu l’influence que sa situation élevée dans l’État lui assurait auprès des représentants des pouvoirs publics, et la confiance qu’il inspirait aux représentants de la Science, excitant les uns et soutenant les autres, il parvint à garantir au Système métrique sa place définitive dans nos lois et à faire passer son usage habituel dans nos mœurs.

Les rapports qui existent entre le Système métrique et le Système monétaire avaient amené le Général de Laplace à porter une attention particulière sur toutes les questions que soulèvent la fabrication et la circulation des monnaies. Sa parole sur ces sujets, considérés pendant longtemps comme entourés de mystère, était toujours écoutée avec faveur et souvent décisive dans le débat. Il s’attachait avec une persévérance infatigable à maintenir le système monétaire en concordance absolue avec le système décimal.

Le Général de Laplace était l’homme du devoir. Ses habitudes simples, son caractère bienveillant, la douceur et la sûreté de son commerce l’avaient entouré dans l’armée, à la Chambre des Pairs et au Sénat, d’un respect qui, provoqué par son nom d’abord, s’adressait bientôt plus particulièrement à sa personne. Dans ce milieu du monde de la guerre ou de la politique, où sa destinée l’avait conduit, le nombre des admirateurs compétents des immortelles Œuvres de son père n’était pas grand ; mais le culte intérieur qu’il portait à sa mémoire n’avait pas besoin d’être entretenu par des manifestations étrangères. Il aimait à se retirer dans cette maison d’Arcueil et à se recueillir près de ce modeste cabinet de travail, témoins respectés de tant de labeurs et de veilles, point de départ de tant de sublimes conceptions.

Après les événements de 1870, le Général de Laplace s’était éloigné du monde et s’était concentré dans ses souvenirs ; il fut enlevé à sa famille et à ses amis le 27 octobre 1874, à la suite d’une longue maladie.