Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 1.djvu/171

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

montrée, pour la Lune, par la comparaison de son mouvement avec celui des projectiles à la surface de la Terre. Il en résulte que c’est au centre de gravité des corps célestes que l’on doit fixer l’origine des distances, dans le calcul de leurs forces attractives sur les corps placés à leur surface ou au delà, puisque cela est prouvé pour la Terre, dont la force attractive est, comme on vient de le voir, de la même nature que celle de tous les corps célestes.

6. Le Soleil et les planètes qui ont des satellites sont, par conséquent, doués d’une force attractive qui, en décroissant à l’infini, réciproquement au carré des distances, embrasse dans sa sphère d’activité tous les corps. L’analogie nous porte à penser qu’une pareille force réside généralement dans toutes les planètes et dans les comètes ; mais on peut s’en assurer directement de cette manière. C’est une loi constante de la nature, qu’un corps ne peut agir sur un autre sans en éprouver une réaction égale et contraire ; ainsi, les planètes et les comètes étant attirées vers le Soleil, elles doivent attirer cet astre suivant la même loi. Les satellites attirent, par la même raison, leurs planètes ; cette propriété attractive est donc commune aux planètes, aux comètes et aux satellites, et par conséquent on peut regarder la gravitation des corps célestes les uns vers les autres comme une propriété générale de cet univers.

Nous venons de voir qu’elle suit la raison inverse du carré des distances ; à la vérité, cette raison est donnée par les lois du mouvement elliptique, auxquelles les mouvements célestes ne sont pas rigoureusement assujettis ; mais on doit considérer que, les lois les plus simples devant toujours être préférées, jusqu’à ce que les observations nous forcent de les abandonner, il est naturel de supposer d’abord que la loi de la gravitation est réciproque à une puissance de la distance, et l’on trouve, par le calcul, que la plus légère différence entre cette puissance et le carré deviendrait extrêmement sensible dans la position des périhélies des orbes planétaires, dans lesquels l’observation n’a fait apercevoir que des mouvements presque insensibles dont nous déve-