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sidérable de volumes. Aux Augustins et aux Carmes, on se trouvait en présence d’énormes entassements de livres exposés à toutes les chances de destruction. De nombreux vols y étaient commis. Castilhon insistait journellement sur le peu de sûreté et l’insalubrité des locaux, « la poussière, l’incendie sans cesse menaçant, l’humidité, la pluie, les rats… Comment lutter efficacement contre tant d’ennemis réunis !! » On estimait à cent vingt mille le nombre des volumes déposés aux Carmes.

Castilhon s’efforçait de combattre les dangers et les obstacles réunis. Il faut dire que le travail de recensement était payé d’une façon dérisoire. Veut-on savoir ce que recevaient les commissaires chargés du dépouillement ? — deux liards par jour, et Castilhon qualifiait cette besogne de dégoutante. Cependant, ce travail n’avait rien de mécanique et réclamait certaines connaissances dans les lettres ; on se décida à augmenter la rétribution. En l’an iv, on donnait jusqu’à 5 livres par jour, 150 livres par mois. Castilhon déclarait encore que cette somme de 5 livres était insuffisante pour se procurer « du pain et des souliers. »

Les commissaires nommés étaient : Darnès, libraire ; Vitrac père, libraire ; Vitrac fils ; Dalles, imprimeur ; Lasserre, sous-bibliothécaire du clergé ; Miquel, doctrinaire ; Barrau, de Fos, Blondel, Causse, hommes de lettres ; Mazart, relieur ; Raynal, employé au district. Plusieurs d’entre eux travaillaient sans relâche, malgré la modicité des honoraires et les payements irréguliers. Le bois à brûler manquant, le travail était forcément suspendu, car la journée