Page:Lapicque - Recherches quantitatives sur l'excitation électrique des nerfs traitée comme une polarisation, 1907.djvu/8

Cette page n’a pas encore été corrigée


Pour cela, il y avait d'abord lieu de faire des déterminations plus nombreuses pour les durées un peu longues, de multiplier les points expérimentaux dans la partie de la courbe dont je soupçonnais la concavité vers le haut. Ensuite, il était indiqué, pour rendre plus apparent tout ce qui pourrait se rapporter à une polarisation, de diminuer autant que possible la résistance du circuit, de façon à obtenir l'excitation avec la plus petite force électromotrice possible.

Pour ce second point, j'ai construit des électrodes impolarisable de faible résistance, toujours à mercure, calomel et eau salée physiologique, dont le croquis ci-joint donnera une idée suffisante. La paire de ces électrodes, avec les petits bouchons en papier-filtre sur lesquels repose le nerf, présente une résistance de 7.000 ohms environ (au lieu de 50.000 pour le modèle avec les mêmes éléments chimiques dont je me sers ordinairement). J'ai vérifié, à diverses reprises, de la manière suivante que ces électrodes sont pratiquement impolarisables dans les conditions où je les emploie; les deux bouchons de papier-filtre étant en contact, le galvanomètre, amorti, étant dans le circuit, je ferme sur ce circuit une force électromotrice de quelques centièmes de volt, c'est-à-dire de l'ordre de grandeur utilisé dans les expériences; le galvanomètre vient avec sa vitesse ordinaire à une certaine déviation, qui demeure absolument constante. D'autre part, le galvanomètre, non amorti et fonctionnant en balistique, pour des passages de courant sous force électromotrice constante, durant 1, 2, 3 millièmes de secondes, donne des élongations qui sont sensiblement dans le rapport 1, 2, 3. Dans le reste du circuit il n'y a qu'une résistance de 5.000 ohms ; le nerf étant interposé sur une longueur de 3 à 4 millimètres, on a au total une résistance de 30 à 40.000 ohms dont la plus grande partie, les deux tiers environ, est fournie par le nerf. Pour la constance des résultats, ce dernier point est évidemment très désavantageux, la moindre variation de résistance dans le nerf faisant varier d'une façon appréciable l'intensité du courant. Le désir de mettre en évidence la polarisation nous oblige à laisser en même temps une influence relativement considérable à d'autres phénomènes, tels que la dessiccation, ou les changements de température; il faut s'efforcer d'éliminer ces perturbations avec plus de rigueur que dans les circonstances ordinaires. De tentative en tentative, j'en suis venu à placer l'expérimentateur avec toute l'expérience (sauf l'interrupteur balistique avec son pistolet à fulminate, qui émet des fumées pénibles dans un espace étroit), dans une grande étuve réglée à température constante et saturée d'humidité; ce qui n'empêche pas de maintenir autour du nerf sa petite chambre humide. La température était réglée plusieurs heures d'avance ; les grenouilles vivantes destinées à l'expérience, les électrodes, les instruments, tout était placé d'avance dans l'étuve de façon à être en équilibre de température. Il importe de disséquer les nerfs lombaires jusqu'à la colonne vertébrale ; en posant le sciatique sur les électrodes, on opère ainsi sur une région très éloignée de la section des cylindres-axes; en outre, il ne faut pas tenir compte des déterminations faites dans les premières minutes après la section. Mais pour faire avec précision, à l'interrupteur balistique, une série assez nombreuse de déterminations du seuil, il ne faut guère moins d'une heure ; malgré