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chronologique, mesuré par le rapport a : b, restait sensiblement constant, bien que chacun des deux paramètres variât beaucoup suivant la disposition des électrodes Cette constance s'explique très bien dans la conception d'une polarisation de membrane comme mécanisme de l'excitation électrique ; le produit K*rho, c'est-à-dire la capacité de polarisation et la résistance par unité de surface, dépend de l'organisation de l'élément nerveux considéré, de l'épaisseur de la nature de la membrane; de la composition de la solution d'électrolytes, et de la gelée de colloïdes en contact, etc.; il devra varier avec la température, l'hydratation, etc., mais sera tout à fait indépendant des conditions dans lesquelles l'excitation lui est appliquée. Cet élément chronologique est donc bien une propriété fondamentale du tissu excitable, nerveux ou autre ; j'ai insisté sur ce point de vue dans divers travaux antérieurs. Ainsi, l'interprétation physique à laquelle j'arrive aujourd'hui donne un sens précis à certains faits importants antérieurement connus sur l'excitabilité; faits en vue desquels elle n'a pas été construite ; c'est une raison, il me semble, de la considérer comme un pas dans le sens de la réalité. La plus grave lacune qui subsiste actuellement, c'est que la formule n'explique pas l'inefficacité des courants lentement croissants. C'est une lacune, ce n'est pas une objection ; il faut reconnaître que ces courants inefficaces sont très lentement croissants, par rapport aux durées envisagées ici; il s'agit de vitesses d'un autre ordre. H est possible que l'explication trouve place dans les corrections reconnues nécessaires. Mais il est préférable d'attendre le résultat d'expériences qui s'indiquent et que je me propose de faire.

Post-scriptum. — Pendant que ce mémoire était à l'impression, j'ai pu réaliser, avec des substances appartenant au milieu physiologique, une membrane fortement polarisable (parchemin entre une solution de phosphate disodique et une solution de chlorure de calcium). Une étude sommaire de cette polarisation m'a montré qu'elle s'écarte notablement de la forme simple d'une charge de condensateur; les écarts sont précisément du sens et de la grandeur nécessaires pour répondre aux phénomènes constatés sur l'excitation électrique des nerfs.