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soit r sa résistance par unité de section ; pour une section s, sa résistance totale rho = r/s. Remplaçons dans V = v*(R/rho), il vient V = (v*R*s)/r; on voit que V croît comme la surface en question.

  • 2° Passons à l'élément chronologique de la fonction, c'est-à-dire au facteur du temps qui intervient comme logarithme.

J'ai pris beta inverse de ce facteur, pour que beta soit lui-même un temps. Il me semble que les considérations physiologiques sur ce facteur, auquel j'attache une grande importance, prendront ainsi une forme plus concrète ; ce sera l'équivalent du rapport a : b des constantes de la formule de Weiss, rapport dont j'ai déjà étudié la variation physiologique en des cas divers. L'expression 1/(1 - exp(-t/beta)) tend rapidement vers 1 quand t/beta s'accroît ; pour t = 3*beta, sa valeur est 1,055 ; pour t = 4*beta, elle devient 1,02; c'est-à-dire que, dans l'approximation des expériences ordinaires, dès qu'on aura t = 3*beta, l'influence de la durée sur le voltage liminaire cessera d'être appréciable. Pour le gastrocnémien de la grenouille excité par le sciatique d'après les chiffres cités plus haut, beta est à peu près un millième de seconde. Trois millièmes de seconde, voilà donc la durée au bout de laquelle le processus correspondant au seuil pour le courant constant est pratiquement terminé. C'est exactement le chiffre que j'ai donné antérieurement en calculant sur la formule de Weiss par le rapport a : b. Il faut examiner maintenant la variation possible des différentes grandeurs physiques qui composent ce coefficient beta. Nous pouvons écrire beta = K*rho*(R/(R + rho)). (R/(R + rho)) est de dimension 1; et sa valeur est très voisine de 1, rho étant très petit par rapport à R ; il en résulte que, pratiquement, dans la généralité des expériences d'excitation nerveuse, le temps beta = K*rho, le produit d'une capacité par une résistance, ce qui fait bien un temps ; mais ici, le produit de la résistance de la capacité de polarisation de la membrane par la résistance de cette membrane. Or, ce produit est constant, quelle que soit la surface considérée; en effet, la capacité croît comme la surface, et la résistance varie suivant la proportion inverse. Il en résulte que, si l'on fait varier, sur un nerf, la surface de contact de l'électrode active, on changera le voltage nécessaire à l'excitation, comme nous venons de le voir, mais nullement l'élément chronologique de l'excitabilité. D'autre part, si on fait varier les résistances du circuit, c'est-à-dire R, soit en ajoutant ou retranchant des résistances, soit en faisant passer le courant par une longueur plus ou moins grande du nerf, le facteur (R/(R + rho)) toujours très voisin de l'unité, ne variera que d'une façon peu sensible. Il en résulte que l'expression beta = K*rho*(R/(R + rho)) ne sera influencée d'une façon appréciable par aucun changement dans le dispositif instrumental. C'est en effet ce que j'ai constaté dans de nombreuses expériences; cet élément