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est bien une polarisation. En effet, nous avons traité cette polarisation comme un condensateur idéal, à capacité parfaitement déterminée; or, on sait, pour les électrodes de platine dans des solutions d'électrolytes quelconques, qu'une telle assimilation n'est qu'approchée. La capacité de polarisation n'est qu'une grandeur fictive, mesurée par le rapport de la différence du potentiel v établie entre les électrodes à la quantité d'électricité qui a été fournie aux électrodes. Ce rapport varie et avec le temps de charge et avec le voltage, de sorte que la capacité de polarisation n'a de sens défini que comme limite, pour v = 0 et t = 0 (Bouty, "Sur les capacités de polarisation", Annales de Chimie et de Physique, t.III, 7ème série, 1894). S'il en est de même pour une polarisation de membrane (et, vraisemblablement, la différence d'avec le condensateur est ici plus marquée encore), nous ne pouvions pas trouver des nombres concordant exactement avec la charge d'une capacité électrostatique. Il serait prématuré de rechercher si les écarts constatés sont explicables par les phénomènes secondaires de la polarisation, puisqu'ici nous ne connaissons pas ces phénomènes secondaires. Pour le moment, il est sage de se contenter de cette première approximation au point de vue physique. Mais au point de vue physiologique, il y a un certain nombre de gros faits connus qui doivent s'accorder avec la formule proposée. Pour cette discussion, il est nécessaire de revenir à la formule développée qui seule représente la théorie de la polarisation de membrane; avec les deux constantes alpha et beta nous avons étudié la formule comme une formule empirique, la comparant aux résultats numériques obtenus dans un ensemble de conditions données; mais ces constantes représentent chacune un ensemble de grandeurs physiques, les unes hypothétiques, les autres expérimentales et modifiables à notre volonté. Il faut voir ce que devient la formule quand nous prendrons pour variable une de ces dernières grandeurs, et comparer les résultats à l'expérience. Je rappelle la formule, qui donne la force électromotrice liminaire V en fonction de la durée du passage t:

V = v*((R + rho)/(rho))*[1/(1 - exp(-(R + rho)/(K*rho*R)))],

et nous avons posé:

alpha = v*((R + rho)/(rho)), beta = (K*rho*R)/(R + rho).

Les constantes qu'on peut appeler physiques sont v, K, rho et R.