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Recherches quantitatives
sur l’excitation électrique des nerfs
traitée comme une polarisation


(Deuxième mémoire.)


Par M. Louis Lapicque




On a été amené bien souvent à prononcer le mot de polarisation à propos de l’excitation électrique du nerf ; mais la notion est restée vague jusqu’à NERNST qui en a donné une conception basée sur la chimie physique.

« En l’état actuel de la science, le courant galvanique ne peut produire dans un tissu organique, comme dans un conducteur purement électrolytique, aucune autre action que des déplacements d’ions, c’est-à-dire des changements de concentration ; nous concluons donc que ces derniers doivent être la cause de l’effet physiologique… On sait que, dans un tissu organique, la composition de la solution aqueuse qui forme le conducteur électrolytique n’est pas partout la même, et, en particulier, qu’elle est différente à l’extérieur et à l’intérieur des cellules. Des membranes semi-perméables s’opposent à l’égalisation par diffusion. Sur ces membranes, et là seulement, peuvent se produire des changements de concentration par le courant… Le courant amène jusque-là des sels que la membrane empêche de transporter plus loin. Les sels qui sont en état de traverser la membrane assurent la conduction. C’est là, évidemment, qu’il faut chercher le siège de l’excitation électrique. »

Mais, à mesure que le courant accumule les sels à la membrane, la diffusion s’établit en sens contraire ; le changement moyen à la membrane résulte des effets opposés du courant et de la diffusion. Nernst se sert de ces conceptions pour expliquer l’inefficacité physiologique des courants alternatifs à grande fréquence ; ces conceptions, traitées le plus simplement possible, conduisent aux équations déjà établies pour la polarisation des électrodes métalliques par les courants de même forme ; dans le cas des courants sinusoïdaux, on arrive, pour l’intégrale de l’effet produit, à une expression qui contient en dénominateur la racine carrée de la fréquence. Une série d’expériences faites sur le nerf sciatique de la grenouille (électrodes en platine platiné) montrent qu’en effet, entre 900 et 2.000 alternances par seconde, l’intensité nécessaire pour le seuil augmente sensiblement comme la racine carrée de la fréquence.

On sait que les membranes semi-perméables interposées sur le trajet