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ligrammes de fer. La plus grande partie de ce fer avait donc été résorbée sous une forme ou sous une autre. Je refis alors l’expérience eu sacrifiant l’animal huit jours seulement après l’injection. Je ne retrouvai rien au lieu de l’injection, pas de rubigine dans les ganglions correspondants ; mais les préparations histologiques montraient des taches d’un jaune assez pâle et le traitement par le sulfhydrate faisait apparaître en ces endroits des colorations noires. On avait là, comme j’en eus la confirmation par des recherches ultérieures, un stade intermédiaire entre l’hémoglobine et la rubigine. Mais on ne retrouvait toujours qu’une petite fraction du fer de l’hémoglobine injecté. Laissant de côté pour le moment le sort de la grosse fraction de l’hémoglobine, et désirant avant tout obtenir de la rubigine en quantité notable, je fis des injections sanguines massives dans le péritoine et aux dépens d’un autre chien. Afin de contrôler avec précision les quantités injectées en exposant le sang au minimum d’altération, l’expérience était disposée de la façon suivante. Le sujet est fixé le ventre en l’air, sur un des plateaux d’une grande balance de Roberval spécialement construite à cet effet. Un trocart stérilisé et vaseliné est enfoncé dans l’abdomen de l’animal, et relié par un court tube de caoutchouc à l’artère d’un second chien. On établit l’équilibre de la balance au moyen d’une tare placée dans l’autre plateau et comprenant une éprouvette graduée vide. Dès que le sang passe d’un animal à l’autre, on voit naturellement la balance s’incliner ; on rétablit l’équilibre en versant de l’eau dans l’éprouvette graduée ; on connaît ainsi à chaque instant, d’une façon précise, la quantité de sang qui a été injectée. Si on injecte en une seule fois 30 grammes de sang par kilogramme d’animal, c’est-à-dire une quantité supérieure à la moitié du propre sang du sujet, on observe de l’hémoglobinurie pendant les deux jours qui suivent. L’injection de 25 grammes par kilogramme ne provoque aucun trouble appréciable, et on peut recommencer l’opération au bout de huit jours. Après avoir injecté des quantités de sang diverses, je laissai vivre mes animaux deux à trois mois, puis je les sacrifiai. Voici les teneurs en fer que j’ai obtenues pour le foie et pour la rate, les sujets étant ordonnés par rapport à la quantité de sang injectée (celle-ci en grammes par kilogramme d’animal).

  • QUANTITÉ DE SANG injectée PROPORTION DE FER
  • dans le foie dans la rate
  • 15 grammes 0,21 0,83
  • 25 grammes 0,14 0,92
  • 30 grammes 0,16 1,03
  • 42 grammes 0,44 2,02
  • 50 grammes 0,83 3,40
  • 122 grammes (5 injections) 0,94 6,35