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Sur la théorie physico-chimique de l'excitation électrique

  • 1908. Sur la théorie de l’excitation électrique, Académie des Sciences, 18 mai. Sur la théorie de l’excitation électrique, un mémoire de 16 pages, Journal de physiologie et de pathologie générale, juillet.

M. Walther Nernst a repris, cette année même, la théorie de l’excitation électrique des nerfs ramenée à une polarisation de membrane ; il a étudié mathématiquement le changement de concentration à la membrane comme résultant des effets opposés du courant et de la diffusion ; puis, faisant l’hypothèse simple que c’est le changement de concentration à la membrane même qui est la cause de l’excitation, il applique la formule à un passage court de courant constant, et en déduit pour la loi d’excitation (voltage nécessaire V en fonction de la durée du passage t) : V = K/(sqrt(t)) (K = constante). Il vérifie cette formule par les expériences de divers auteurs, en première ligne par les miennes.

Je ne puis admettre cette formule de M. Nernst. Les écarts avec les expériences sont parfois considérables, toujours systématiques, et les arguments par lesquels M. Nernst veut expliquer ces écarts ne me paraissent pas fondés. J’ai proposé une hypothèse nouvelle, qui, je crois, présente une certaine importance.

Ce qui compte pour l’excitation, ce n'est pas la valeur du changement de concentration à la membrane, mais la différence dans la valeur de la perturbation considérée en deux points séparés suivant l’axe du nerf par un intervalle déterminé Delta.

Cette hypothèse purement mathématique, permet de faire cadrer d’une façon extrêmement exacte les expériences physiologiques et la théorie physico-chimique de la polarisation. Elle peut prendre un sens concret ; en effet, elle ramène le paramètre de vitesse dont je me suis longuement occupé à une finesse de structure. Le Delta calculé dans les divers cas examinés varie de 1 à 10 millièmes de millimètre, valeur plausible et d'un ordre accessible à l'histologie. Elle donne, pour la première fois, une explication de l’inefficacité relative des courants progressifs, du second fait fondamental de l’excitation, fait qui n’avait pu entrer jusqu’ici dans aucune théorie de l’excitation.

J’ai envoyé, il y a peu de temps, mon mémoire à M. Nernst et je n’ai pas encore reçu sa réponse ; je ne veux donc pas insister ici sur des points en discussion. Quoi qu’il advienne de ma théorie, je puis prendre acte que ce sont mes expériences