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En 1899, à propos de l’inefficacité physiologique des courants alternatifs à grande fréquence, Walther Nernst avait émis l’hypothèse que l’excitation dépend d’une polarisation électrolytique produite par le courant quand il rencontre dans l’organisme une membrane hémiperméable. L’étude mathématique lui avait donné, entre la fréquence et l’intensité nécessaires pour produire dans une telle polarisation électrique une perturbation fixe, une relation simple assez bien vérifiée par les expériences physiologiques.

L’analyse mathématique du phénomène est d’un niveau assez élevé ; pour appliquer la séduisante hypothèse de Nernst aux simples passages du courant constant, j’ai essayé le modèle approximatif qui a rendu, en fait, depuis Hermann von Helmholtz, tant de services dans l’étude des polarisations ; c’est à savoir le condensateur.

Soit un condensateur, de capacité donnée K, ayant l’une de ses armatures au potentiel 0 ; l’autre armature est en communication à travers une résistance R avec une source de potentiel de niveau V ; les deux armatures sont reliées entre elles par une communication de résistance p.

Nous posons que le seuil de l’excitation est atteint quand le condensateur est chargé à un potentiel v.

J’ai, de la façon la plus expresse et dès ma première communication, donné ce schéma simple comme une première approximation ; j’ai, au même moment, noté qu’il ne rendait pas quantitativement compte de mes expériences ; j’ai ajouté, par la comparaison directe avec des expériences purement physiques sur des membranes hémiperméables, que c’était le schéma qui ne rendait pas compte de la polarisation des membranes, et non la polarisation qui ne pouvait s’accorder avec les faits et l’excitation physiologique. Néanmoins, ce schéma m’a été utile, et je crois, même aujourd’hui où je suis arrivé à une connaissance bien plus exacte des phénomènes, qu’il présente un certain nombre d’avantages pour l’intelligence de l’excitation physiologique.

On voit qu’au moment de la fermeture du circuit, le condensateur se charge, puis le courant continue à passer, avec une intensité qui n’a presque pas changé si p est petit par rapport à R ; mais la charge du condensateur reste invariable, jusqu’à la rupture du circuit. Si le potentiel nécessaire n’a pas été atteint dès les premiers moments de la fermeture, il ne le sera jamais. L’assimilation est intuitive avec le premier fait fondamental de l’excitation.