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On a donc affaire à une seule et même excitabilité dans l’excitation directe ou indirecte. Est-ce l’excitabilité nerveuse ? Voici ce que montre le curare. Si on donne la dose juste nécessaire pour supprimer l’excitabilité indirecte, on trouve régulièrement que le rapport a/b est sensiblement doublé. Mais avec des doses croissantes, on voit que ce rapport va indéfiniment en augmentant, jusqu’à soixante fois sa valeur primitive. Si au cours d’une intoxication par une dose élevée on observe parallèlement la marche de l’excitabilité du muscle et la disparition de l’excitabilité indirecte, on voit celle-ci se produire au moment où le rapport a sensiblement doublé. La section physiologique entre le muscle et le nerf moteur se présente donc non pas comme l’effet essentiel de l’intoxication, après laquelle on observerait l’excitabilité propre du muscle avec une valeur fixe, mais comme un phénomène accessoire qui se produit à un moment où l’effet du poison est encore relativement faible. On avait indiqué que la strychnine à très forte dose, produit de son côté une curarisation, c’est à-dire supprime l’excitabilité indirecte, tandis que l’excitabilité directe persiste. Sur mes conseils, Marcelle Lapicque a étudié l’action de la strychnine. Elle a observé sur l’excitabilité définie par ses deux paramètres (excitation indirecte), que pour les doses faibles et moyennes, a diminue, b augmente ; a/b descend à la moitié de sa valeur. Pour les doses fortes et très fortes, a diminue d’abord, puis augmente jusqu’à l’inexcitabilité totale, le rapport demeurant, aussi longtemps qu’on peut le déterminer, aux environs de la moitié de sa valeur primitive. (Société de Biologie, 8 juin 1907.) Au congrès international de physiologie d’Heidelberg (août 1907), à propos d’une communication de M. Langley sur un tout autre phénomène, j’ai été amené à énoncer la conception suivante : la vitesse d’excitabilité d’un muscle et celle de son nerf moteur sont égales ; les poisons curarisants détruisent cet accord, le curare en ralentissant le muscle, la strychnine en accélérant le nerf. La section physiologique résulte de cet hétérochronisme quand le rapport des vitesses est devenu égal à 2 ou 1/2. Quant au muscle dont le nerf a dégénéré, il a dégénéré également ; histologiquement, on sait qu’il a rétrogradé vers un stade embryonnaire ; fonctionnellement, il a subi une involution de même sens.