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que la simple formule empirique de Weiss montrait l’intensité nécessaire comme tendant vers une constante quand la durée s’accroît indéfiniment. Puis j’ai réalisé des expériences destinées à montrer directement que l’excitation par les ondes très brèves est entièrement équivalente à l'excitation de fermeture des passages de courant prolongé.

1) L’excitation produite par une onde très brève naît dans les mêmes conditions que l’excitation de fermeture classique à l’électrode négative, quelle que soit la forme de l’onde.

J’ai employé pour déterminer le pôle excitant, le procédé unipolaire double d'Auguste Chauveau, le dispositif étant le suivant : sur une grenouille, les nerfs lombaires sont séparés de la moelle à leur origine, puis tout le corps de l’animal. Jusqu’à la naissance des cuisses, ayant été enlevé, on place les nerfs droits sur une électrode, les nerfs gauches sur une autre ; le circuit est ainsi fermé entre les nerfs droits et gauches par un large pont de substance musculaire qui forme pour chaque nerf, à cette extrémité, une électrode diffuse ; au contraire, les électrodes (impolarisables) sont terminées par un petit morceau de terre poreuse imbibée de solution physiologique, taillé de façon à présenter au contact avec le nerf un biseau relativement aigu. On a ainsi pour chaque nerf une électrode efficiente, tandis que le pont musculaire donne une électrode diffuse (indifférente). Avec ce dispositif, on peut observer, en fermant successivement pendant une ou deux secondes, sur le circuit d’excitation des courants d’intensités croissantes, que la première secousse apparaît du côté du nerf reposant sur la cathode, à la fermeture : ensuite, on a secousse à la fermeture de ce côté, secousse à l’ouverture du côté opposé, et que les phénomènes restent ainsi nettement tranchés dans un intervalle assez considérable d’intensités diverses (par exemple, en appelant 1 l’intensité provoquant la première secousse jusqu’à l’intensité 3 ou 4) finalement l’on a secousse dans les deux membres et à la fermeture, et à l’ouverture.

J’ai constaté qu’une onde de forme rectangulaire, obtenue par un rhéotome très rapide imité de celui de Weiss (balle de pistolet coupant successivement un court-circuit, puis le circuit principal), excite le nerf exclusivement à la cathode, quelle que soit la durée de cette onde entre un demi-millième et quatre millièmes de secondes. On sait que la même loi polaire existe pour l’onde d’ouverture d’un appareil d’induction. Pour des ondes présentant les formes ci-dessus, la conception ancienne de l’excitation peut s’accommoder de cette localisation, la fermeture étant toujours plus efficace que l’ouverture. A fortiori, la décharge du condensateur, qui se présente comme une apparition brusque du courant, suivie d’une décroissance logarithmique plus ou moins lente, doit suivre la loi de la fermeture. Mais on peut obtenir une onde de forme inverse, à croissance graduelle