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que ce courant passe ; puis une nouvelle secousse quand on rompt brusquement le circuit ; 2) si on fait passer dans le nerf un courant croissant lentement à partir de 0, on n’obtient pas de réponse, quelle que soit la valeur finalement atteinte par l’intensité. Mais d’autre part, Adolf Fick (1863) sur le muscle adducteur des valves de l’anodonte, constatait que la durée de passage du courant constant entrait en ligne de compte pour l’excitation. Theodor Wilhelm Engelmann (1870) faisait la même constatation sur l’uretère. Pour obtenir, par exemple, sur ces tissus la même réponse que par un courant donné passant pendant une demi-seconde, il faut un courant plus faible si le courant passe pendant une seconde, plus fort s’il ne passe que pendant un quart de seconde. On considéra, malgré Fick et Engelmann, ces faits comme répondant à une excitabilité différente de celle étudiée par Du Bois-Reymond, et on leur attribua peu d’importance. En 1901, M. Georges Weiss réalise un dispositif permettant d’obtenir des passages de courant d’une durée nettement réglée, de l’ordre du millième de seconde et au-dessous (rhéolome balistique : une balle tirée à une vitesse de l’ordre de 200 mètres à la seconde coupe deux fils séparés par une distance mesurée ; le circuit d’excitation passe par le second ; le premier fait court-circuit par rapport au nerf ; le courant traverse le nerf pendant la durée qui sépare les deux sections). Sur le nerf de la grenouille, à mesure que la durée du passage diminue, entre 30 à 3 dix-millièmes de seconde, il faut augmenter l’intensité du courant pour obtenir toujours une même réponse. M. Weiss a établi une formule empirique exprimant cette relation. J’objectai qu’il pouvait y avoir dans ces expériences, conformément à la doctrine classique, deux excitations, l’une de fermeture, l’autre d’ouverture ; ce serait alors la réaction de ces excitations l’une sur l’autre, réaction variable suivant leur intervalle, qui expliquerait ses résultats, et non l’action réelle du régime permanent du courant. M . Weiss me répondit en expérimentant avec des ondes dédoublées. Soit, au lieu d’un passage de courant de durée 3, deux passages de durée 1 séparés par un intervalle de durée 1. On a ainsi, dans un même espace de temps, au lieu de 2 variations de courant, 4 variations ; l’expérience montre qu’il faut augmenter et non diminuer le courant pour obtenir toujours un même effet. La conception de Du Bois-Reymond était donc définitivement écartée.

L’ excitation produite par les ondes brèves doit être identifiée à l’excitation de fermeture.

Pourtant, il est incontestable que le muscle reste en repos pendant le passage du courant. Après les expériences de Weiss et les premières vérifications que j’en fis, les physiologistes tendaient à croire que la relation entre la durée et l’intensité « ne s’applique qu’aux excitations de durée très courte, la loi de Du Bois-Reymond expliquant au contraire assez bien les excitations de longue durée » (Hoorweg, 1903), Léon Fredericq, en 1904, était du même avis. Weiss lui-même disait : « Mes expériences ne me permettent pas de me prononcer sur ce qui se produit lorsque la durée de l’onde électrique dépasse la période latente. » Me refusant à admettre deux lois différentes pour ces deux cas, j’ai fait remarquer