Page:Lapicque - Notice sur les titres et les travaux scientifiques, 1908.djvu/111

Cette page n’a pas encore été corrigée

été répétée dans des conditions diverses et sur des animaux différents. Mais je fus frappé de ce fait que le chien, le sujet le plus usuel des physiologistes, ne figurait pas dans cette littérature. Quelques essais me démontrèrent que le cœur du chien est normalement rebelle à cette expérience ; au bout de très peu de minutes, et même après un seul battement si le chien a été tué sans avoir reçu aucun narcotique, le cœur présente des trémulations fibrillaires, cette forme de contraction désordonnée (delirium cordis), qui est bien connue depuis les recherches de Kronecker ; il ne tarde pas à s’arrêter définitivement. On sait que ce phénomène est essentiellement nerveux, et Gley a montré, sur l’animal entier, que le chloral à haute dose s’oppose à sa production. Je pensai alors qu’avec le cœur du chien chloralisé l’expérience de Locke pourrait être réalisée ; j’ai fait dans ce sens, avec Mme Gatin-Gruzewska, une série d’expériences qui ont facilement et régulièrement réussi. Si l’on a injecté une dose de chloral un peu inférieure à la dose mortelle (0 gr. 5 par kilogramme), le cœur prélevé sur l’animal profondément endormi bat sur l’appareil pendant une ou deux heures consécutives. On peut même aller jusqu’à la dose mortelle (0 gr. 7) et prendre le cœur de l’animal au moment où il vient de mourir. Ce cœur ressuscite quand on irrigue ses vaisseaux du même liquide qui fait mourir le cœur normal ; cette expérience constitue une démonstration de cours facile et bien visible. Le cœur du chien, après la publication de notre travail, a remplacé le cœur du lapin pour l’expérience de Locke aux démonstrations de physiologie à la Faculté de Médecine.

Phénomènes vaso-moteurs étudiés par le manomètre au cours d’une ascension en ballon.

  • Note de la Société de Biologie, 23 juillet 1904.

Un manomètre, spécialement établi pour les conditions aéronautiques, donnait à chaque instant la pression dans le bout périphérique et dans le bout central de la carotide d’un chien ; je pouvais lire ainsi continuellement l’état de la pression sanguine générale et le tonus vaso-moteur de la tête. Après quelque temps d’examen au ras du sol, nous avons atteint, en quarante minutes, l’altitude de 2700 mètres sans que se fût manifesté aucun changement ; à cette hauteur, se produisit une courte réaction de vaso-constriction