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M. P. Marie, à l'Hôtel-Dieu, et j’y ai trouvé 9 millions de globules et 0,61 de fer pour mille (au lieu de 6 millions de globules et 0,45 de fer) (Société médicale des Hôpitaux, décembre 1904.) J’ai recherché expérimentalement (avec M. E. Auscher) si, d’une façon générale, un obstacle aux échanges gazeux entre le sang et le poumon amènerait une hyperglobulie, afin de voir s’il s’agissait bien là d’un phénomène compensateur. Du premier coup, chez le chien, nous avons obtenu une augmentation notable du nombre des globules et du fer du sang, en diminuant le champ de l’hématose ; pour cela, nous empêchions le jeu d’un poumon en faisant communiquer la cavité pleurale avec l’atmosphère. En 20 jours, le nombre des globules est passé de 5.124.000 à 6.480.000 par une augmentation progressive ; en même temps, le fer du sang passait de 0,35 à 0,45. Les caractères histologiques du sang témoignaient d’un mouvement actif de néoformation. Au même moment, MM. Jolyet et Sellier publiaient un travail sur la même question ; par des procédés différents, ils aboutissaient à la même conclusion ; nous abandonnâmes nos recherches.

Fausse hyperglobulie dans les ascensions en ballon.

Mais, en 1901, Gaule annonça que l’hyperglobulie des altitudes se produisait en une heure ou deux lorsqu’on s’élève en ballon. La rapidité du phénomène me parut difficile à concilier avec ce que je savais de l’hématopoïèse.

Quelques mois après, l'Aeronautic Club de France ayant mis un ballon à ma disposition, je combinai diverses observations de contrôle ; empêché de partir, le jour de l’ascension (20 novembre), par mon service universitaire, j’en confiai la réalisation à MM. Calugareanu et Victor Henri. Ces Messieurs observèrent, sur trois chiens, que le sang, obtenu par ponction capillaire de l’oreille, présentait, à terre (température 12°), 7.600.000 à 7.900.000 globules ; à 3000 mètres (température 0°) 8.900.000 à 9.800.000 globules. C’était le phénomène de Gaule ; un chien dératé le présentait au même degré que les autres. Mais du sang prélevé dans une grosse artère (fémorale) me fut rapporté au laboratoire ; je constatai dans ce sang, comme proportion de fer, 0,56 pour l’échantillon recueilli à terre, 0,33 pour l’échantillon recueilli à 3000 mètres. Donc pas d’augmentation de l’hémoglobine dans le sang central, sinon même diminution (Société de Biologie, 1901, p. 1038).

En 1904, je pus, grâce à une subvention du Conseil municipal de Paris, organiser deux nouvelles ascensions scientifiques et prendre part à l’une