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sang d’un autre chien. Une première série de contrôle avait montré que le sang de la jugulaire et le sang de la carotide donnent sensiblement les mêmes résultats. Avec deux animaux sains, les globules du sang injecté dans le péritoine ne paraissent pas varier sensiblement dans leur vitalité, si ce n'est au moment où il n’en reste plus que quelques gouttes, car le sang disparaît peu à peu ; ce sang est donc résorbé en nature ; en effet, la fistule du canal thoracique donne une lymphe chargée de globules rouges en bon état. Je conclus de ces recherches que l’injection péritonéale de sang équivaut à une transfusion veineuse faite lentement. Les résultats que j’ai obtenus par cette voie quant à l’accumulation du fer (page 74) se rapportent donc à la destruction des globules normaux en excès. D’après la localisation du résidu ferrique, cette destruction est effectuée d’abord par la rate et la moelle osseuse ; ensuite par le foie, qui vient s’ajouter aux organes précédents quand la quantité à détruire est considérable.

Rôle de la rate dans la fonction hématolytique.

J’ai cherché alors quelle est l’importance quantitative de la rate dans cette fonction. Le rôle hématologique de la rate est admis par tout le monde, mais nous manquions d’éléments pour apprécier l’importance de ce rôle. Lorsqu’on enlève la rate à un animal et qu’on observe ensuite son sang, on y trouve des changements extrêmement faibles, et même douteux. C’est qu’à l’état normal, la besogne à accomplir, rénovation ou destruction, hématopoïèses ou hématolyse, est peu considérable, et la rate absente est facilement vicariée par d’autres organes. J’ai pensé qu’on pouvait obtenir en quelque sorte une mesure de l’importance de la rate pour l’hématolyse en augmentant l’intensité du travail à accomplir. Si l’on fait une transfusion à un animal, on sait que l'hyperglobulie ainsi produite est de courte durée ; les globules surnuméraires sont détruits en quelques jours. Comment cette hématolyse sera-t-elle modifiée dans les cas de splénectomie préalable? J’ai fait faire dans ce sens une série d’expériences par M. Calugareanu.

Nous avons choisi le chien comme sujet ; on déterminait le nombre des globules et la richesse en hémoglobine du sang par de très petites prises sur l’artère de l’oreille. La quantité de sang injectée (dans une veine) a toujours été de 35 à 40 grammes par kilogramme d’animal, c’est-à-dire environ la moitié du sang supposé exister chez le sujet. Le nombre des globules, qui était d’environ 7 millions avant la transfusion, arrive le