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Il fallait essayer d’analyser l’action de la toluylène-diamine sur les globules rouges ; c’est ce que je fis avec M. A. Vast.

Action de la toluylène-diamine sur les globules rouges.

J’employais la toluylène-diamine (1, CH3 ; 2 et 4, Az H2) dissoute dans l’eau physiologique avec la quantité d’HCl strictement nécessaire, en injection sous-cutanée, à la dose (en une fois) de 1 à 6 centigrammes par kilogramme d’animal (chien). Les doses de 5 à 6 centigrammes par kilogramme donnent des phénomènes marqués d’intoxication générale et d’ictère grave ; pour 1, 2 ou même 3 centigrammes, on n’observe pas de troubles consécutifs à une seule injection ; les injections étant répétées de deux jours en deux jours, l’animal fait un ictère lent, il maigrit, mais il résiste pendant plusieurs semaines. Et quand on le sacrifie, on trouve de la rubigine en assez grande abondance dans le foie, la rate et la moelle des os, avec accumulation marquée dans le foie. Des auteurs avaient annoncé que la toluylène-diamine provoque la dissolution des globules dans le sang circulant ; s’il en était ainsi, je me trouvais ramené au cas étudié page 76 (action du foie sur l’hémoglobine dissoute). Je recherchai ce phénomène de la façon suivante. A des intervalles divers après l’injection, quelques centimètres cubes de sang étaient, directement au sortir du vaisseau, recueillis dans une très petite quantité d’une solution hypertonique oxalatée, et centrifugés immédiatement, vingt-quatre heures environ après l’injection, et seulement avec les doses fortes de poison, on observe une petite quantité d’hémoglobine diffusée. Cette quantité paraît trop petite pour rendre compte du fer accumulé. J’examinai de plus près l’action de la toluylène-diamine sur les globules rouges. Je constatai d’abord qu’il y avait une altération chimique de l’hémoglobine dans les globules mêmes ; en proportion plus ou moins considérable, elle était transformée en méthémoglobine. Cette altération est la règle sous l’influence des amines aromatiques, mais alors, elle était mal connue ; avec la toluylène-diamine, un auteur avait indiqué la formation d’hématine ; je fis voir, par une série de réactions, qu’il s’agissait, en réalité, de méthémoglobine. D’autre part, en examinant au microscope le sang des animaux intoxiqués, même quand il ne contenait point d’hémoglobine diffusée, il me parut qu’il était particulièrement difficile de faire des préparations de