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SUR LA BRANCHE
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automobile. Je m’étais réjouie comme une enfant de traverser à grande vitesse cet espace ouvert des plaines de la Beauce. Guy s’est avisé, tout à coup, que la saison était trop avancée pour moi, que je risquais d’attraper froid, et il m’a engagée à prendre prudemment le chemin de fer. J’ai protesté de toutes mes forces et, finalement, j’ai déclaré que je n’irais rue d’Aguesseau que s’il m’y menait en automobile. ll a dû céder à son tour, non sans me faire promettre de monter dans le train à Orléans, si l’air était trop vif. Nous sommes le 10 novembre c’est vrai, mais cette année, saint Martin ne nous a pas frustrés de son été, et le temps est superbe. Cet après-midi, je partirai pour Tours, je coucherai à l’Hôtel de l’Univers, et demain à huit heures, nous nous mettrons en route. Ma malle est faite, tout est prêt. J’ai le cœur serré comme si je m’embarquais pour un long, long voyage. C’est ridicule.. Les de Lusson rentreront à Paris dans une quinzaine. Nous reviendrons tous à la Commanderie fin avril, après le mariage des enfants Je verrai les arbres et les haies en fleurs, je jouirai d’un vrai printemps. Comme ce sera bon et reposant ! C’est curieux, depuis quelques mois, le repos est devenu mon idée du bonheur. Ai-je donc subitement vieilli ? Suis-je donc tellement lasse ?