II
CANNES
Si jamais créature a eu Tillusion de la liberté, c’est
bien moi. Cette illusion me rend curieusement sensible
à la suggestion du mouvement. Il m’arrive souvent
de descendre dîner sans avoir l’intention de sortir.
S’il se trouve dans la salle à manger quelque personne
équipée pour le théâtre, le désir me vient aussitôt d’y
aller et j’y vais. Quand je vois une amie faire ses
malles, j’ai toutes les peines du monde à ne pas
l’imiter. On ne saurait imaginer comme c’est ballotté
une femme « sur la branche ». À force d’entendre
dire autour de moi : « Je vais à Nice, à Cannes,
à Monte-Carlo », l’envie m’est venue de revoir le
Midi. Les idées qui mènent notre vie nous arrivent
ainsi du dehors, et j’ai reçu mes ordres de marche.
C’est comme un petit congé qui m’est accordé après