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SUR LA BRANCHE

eu avant elle. C’était la femme d’un jeune docteur. Elle s’était mariée contre le gré de ses parents et tous les siens avaient rompu avec elle. La littérature anglaise du commencement du siècle a eu, chez nous, une influence qui ne s’est jamais reproduïte. Ma mère avait une admiration passionnée pour Byron, Shelley, Walter Scott. Une compatriote de ces hommes-là ne pouvait manquer de lui inspirer de la sympathie. Elle se la très intimement avec madame André qui habitait la maison voisine de la siente. Cette amitié commnonça à influer sur mon éducation physique, Quand je vins au monde, je fas reçue, vêtue et soignée commme l’étaient les enfants anglais. On me laissa les membres libres, la tête découverte, on m’accoutuma au grand air et à l’eau froide. Plus tard, je portai des robes très courtes, j’eus les épaules et les jambes nues, les cheveux au vent. Ma mère fut sévèrement blâmée de oes innovations. Mes camarades se moquaient de moi et m’appelaient l’« English ». Madame André me parlait sa langue comme elle faisait à son petit garçon et je l’apprenais sans m’en apercevoir. La nostalgie, le chagrin d’être séparée de ses parents développèrent chez l’amie de ma mère les germes de la phtisie. Elle fut emportée en huit jours. Son mari quitta le pays et emmena son fils, mon compagnon de jeu. Après cela, om aurait pu croire que l’élément étranger avait été supprimé dans ma vie. Eh bien, non ! Cinq ans plus tard, vers ma douzième année, un Anglais arriva à Bourg. On ne sut jamais d’où ni comment. Il se logea chez une veure qui avait une maisonnette à l’entrée de la ville et prenait en pension des professeurs, des employés. Madame Permet, qui était une