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SUR LA BRANCHE


Paris.

Une chambre et un cabinet de toilette au quatrième étage d’un hôtel de première classe, dans le quartier des étrangers, voilà mon chez-moi. Le contenu de trois malles, voilà toutes mes possessions terrestres. Il n’est pas grandiose, pas luxueux ce décor de mon cinquième acte ; eh bien, tel quel, il me plaît infiniment. Ma fenêtre donne sur une rue élégante et je vois passer des théories d’êtres humains intéressants par la variété de leurs conditions et de leurs allures. De mon balcon, j’ai la vue d’une bande étroite mais très étendue du panorama de Paris ; de Sainte-Clotilde à la basilique du Sacré-Cœur, du jardin des Tuileries au boulevard des Italiens et les lueurs du couchant éclairent divinement le pan du ciel qui m’est concédé. Les quelques mètres carrés où je piétine sur place renferment un nombre invraisemblable de choses : un lit, une chaise longue, deux tables, deux fauteuils, une malle. Sur un panneau, entre les plis d’une étoffe ancienne, les portraits de mes derniers amis, sur un autre, ceux de mes connaissances, des personnes qui ont laissé un souvenir agréable dans ma vie, puis les photographies des chiens que j’ai aimés, de Blanchette, de Charmant, de Bob, de Jack. Je les garde pour le rayon de tendresse canine que la lumière a saisi au fond de leurs yeux. À droite de la cheminée l’étagère de mes livres favoris : la Bible, Homère, Dante, Shakespeare, Molière, Diderot, Don Quichotte, Manon Lescaut. Au-dessus, la Vérité de Lefèvre ; au-dessous,