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SUR LA BRANCHE



I

PARIS


Paris, hôtel de Castigliono.

Me voici bientôt arrivée, j’imagine, au bout de mon chemin, un chemin long de cinquante-sept ans déjà ! Cinquante-sept ans que mon cerveau fonctionne, que mon cœur bat, que mes pieds marchent. Je ne perçois encore aucune trace d’usure. Une solide machine que la mienne en vérité !

J’étais condamnée à faire toute seule la dernière étape. Un jour, dans mon ciel serein, contre toute prévision, un orage terrible a éclaté. Cet orage m’a enlevé mari, famille, foyer. Depuis lors, je vis à l’hôtel « sur la branche ». Pour une femme, dans les conditions où je me trouve, rien ne saurait être plus pratique et plus agréable. Se perdre dans quelque appartement trop grand, s’asseoir solitaire à la table