Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/97

Cette page n’a pas encore été corrigée

SAINT-OLAF. 81

Quand une croyance devient inutile à l'humanité, elle la perd comme les têtards perdent leur queue sans s'en apercevoir.

— Ah ! vous croyez qu'ils ne s'en aperçoivent pas ? me demande M. Baring avec un sérieux comique.

— Ils n'en ont pas l'air. L'humanité, en outre, change de peau à la manière des serpents et chacun de ces changements marque une de ses grandes étapes. Voyez, par exemple, la religion païenne est devenue de la mythologie. Le christianisme deviendra à son tour une mythologie quand une religion plus élevée lui aura succédé. Il en sera ainsi probablement jusqu'à la fin des temps de la terre.

— Ah ! on voit que vous avez fréquenté Darwin!

— Je ne l'ai ni lu ni étudié, ses théories me sont arrivées je ne saurais dire d'où ; je leur dois peut-être l'idée que je me fais de l'évolution morale. Sait-on jamais combien de pensée étrangère entre dans notre pensée ?

— C'est égal, reprit M. Baring avec une lueur de moquerie au coin de l'oeil... l'Angleterre, une fourmilière, la France, une ruche... et toutes deux travaillant pour la vie?... Un peu difficile à digérer votre idée, vous savez!

— Pas pour un esprit du xxè siècle, répondis-je en souriant.

Il est rare que Rodney ou moi nous n'amenions la conversation sur Paris. Comme d'habitude, nous finîmes par y arriver.

— Il m'attire toujours, confessa mon hôte, et puis au bout de quarante-huit heures, il me cause un inexplicable mécontement, une sorte d'exaspération. J'ai

5.