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SAINT-OLAF. 7/

derrière lesquels elles ouvraient leur âme et d’où elles émergeaient un peu pâlies et toutes frissonnantes d’une émotion spéciale. Cet arrangement anglais qui supprime l’ombre et le mystère ramène le tribunal de la pénitence à sa vraie et simple fonction. Une autre chose m’a agréablement impressionnée, ïciy les cierges de l’autel sont en cire pure, on ne les truque jamais au moyen de zinc comme dans les pays latins. Dimanche dernier, à la grand’messe, j’ai eu de la peine à sentir que j’assistais à une cérémonie catholique. La liturgie et le rite ne différaient en rien, eela va sans dire, ils étaient simplement conduits avec un autre esprit, avec une correction toute saxonne. Prêtres, fidèles, bedeau, enfants de chœur, semblaient pénétrés du devoir qu’ils remplissaient, mais les physionomies n’avaient pas un rayon de ferveur. L’atmosphère psychique avait certainement plusieurs degrés de moins que dans une église de France. Le tempérament religieux différait complètement. J’en ai fait la remarque à Edith, elle ne m’a pas comprise. Elle trouve déjà le culte trop émouvant. — Il faut plusieurs générations pour faire un catholique, ajoutai-je. Les convertis ne pourront jamais le comprendre tout à fait. — Vous croyez ?... Puis avec un sourire moqueur, elle ajouta : — Mais je suis mille fois plus catholique que vous ! — Ce n’est pas difficile, répondis-je franchement, Vous l’êtes plus certainement, mais vous ne l’êtes peut-être pas autant. Je crois que ceci peut s’appliquer à toute l’Ëglise anglaise.