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tures. Les fils prodigues de l'Angleterre, ceux mêmes qui ont transgressé tous les commandements, observent celui-là, parce qu'il est associé avec le souvenir de leur home et de leur mère.

Eh bien, le croirait-on, le dimanche anglais a commencé son évolution. Cette évolution se fera très lentement sans doute, elle sera arrêtée par la légion des puritains, par le sentiment populaire ; mais elle sera accélérée, j'en ai peur, par le snobisme, par la volonté de vouloir être dans le mouvement. Elle a pris naissance dans ce nid de mauvaisetés, dans ce clan d'ultramondains qui s'appelle « smart society ». Là, on se rit ouvertement des défenses qui rendent le jour du sabbat sacro-saint. On donne de gais luncheons. Derrière les rideaux fermés, — on ferme encore les rideaux, — à la lumière du gaz ou de l'électricité, on a tout l’après-midi de chaudes parties de bridge. Le soir, sous prétexte de laisser quelque repos à ses domestiques, on va diner au Carlton ou au Savoy. Dans les villes suburbaines, en province, à la campagne, le dimanche est encore rigoureusement observé. À Wimbledon cependant, j'ai entendu le choc des balles du croquet et je me suis aperçue que le tennis ne chômait pas. Étourdiment, j'en ai fait la remarque à madame Baring. La honte que lui cause cette transgression a amené une rougeur légère sur son visage, elle a eu un petit sourire résigné.

— Je sais, a-t-elle dit doucement, et c'est dommage.

J'ai constaté une foule de signes qui témoignent de l'émancipation croissante de nos voisins. Par