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Une petite expérience personnelle m’a démontré combien il serait mal d’agir autrement. Il y a deux ans, je me trouvais en visite chez des Anglais très continentaux. Un dimanche, nous allâmes nous réfugier dans un kiosque au fond du parc pour faire un bridge. Il vous vient comme cela, de temps à autre, un irrésistible appétit pour le fruit défendu. La fatalité amena un visiteur, la femme de chambre dut venir l’annoncer et elle nous surprit en flagrant délit de transgression. Elle recula, pâle de saisissement, comme si elle avait vu un cadavre, et elle eut une expression si horrifiée que les cartes me tombèrent des mains. Je me promis de n’y plus toucher, ce jour là, en Angleterre.

Cette manière d’observer le sabbat a toujours excité notre veine humoristique bien à tort, je crois. Vraisemblablement, la nature a voulu que chaque septième jour il y eût cessation absolue de travail dans la fourmilière anglaise où l’effort est si grand, elle a voulu que les nerfs effroyablement tendus pussent se relâcher un peu. Elle sait placer les interrupteurs où ils sont nécessaires et jeter la pensée humaine dans le courant où elle peut trouver du repos et des forces fraîches. Elle a jeté celles de nos voisins dans le courant religieux afin de les empêcher de se ruer aux plaisirs, ce qui, avec leurs appétits violents, eût été dangereux. Elle en a usé de même pour toutes les races du Nord.

L’observance rigide du sabbat est bonne pour l’enfant anglais, elle lui apprend à respecter quelque chose et donne à son esprit un tour sérieux. J’en ai eu un exemple charmant