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derniers sons de l’orgue. Le flot de la vie mondaine est déjà remonté. Je suis convaincu que nous ferions des dimanches gais avec la même observance que nos voisins. Du reste, cette observance n’est point aussi sévère que nous l’imaginons. L’église n’est pas obligatoire. Le dîner est à une heure et demie au lieu de huit heures, et le soir on a un souper froid que les amis viennent partager sans invitation. Le roastbeef d’Old England, flanqué de Yorkshire pudding, constitue Le plat dominical. On le sent partout et son fumet, en réveillant l’instinct atavique, creuse un véritable « trou normand ». Les dimanches de France sont associés dans mon odorat avec le parfum de l’encens, ceux de l’Île Inconnue avec l’odeur du roastbeef, si bien que Je l’ai appelée « the sunday smell »… l’odeur du dimanche. L’après-midi, ni le thé ni les gâteaux ne sont supprimés. On fait et on reçoit des visites. En réalité, on est simplement tenu à lire de bons livres, à s’abstenir du sport, d’amusements mondains, de musique profane. Certains puritains renchérissent, il est vrai, sur tout cela. Il y en a qui privent leurs enfants de jouets, qui se condamnent à la lecture d’indigérables sermons et se font scrupule d’écrire à leurs amis. N’avons-nous pas chez nous des dévotes qui, le vendredi, non contentes du maigre prescrit, mangent leur potage sans beurre ?

Pour l’étranger, qui se trouve seul à Londres, le dimanche doit être mortel ; mais à la campagne, chez des amis, il ne paraît ni long ni ennuyeux. A Saint-Olaf, il ne s’impose pas. On ne va à l’église qu’une fois par jour. Les romans de Mudie sont rangés. Une main, que Je devine, les remplace sur la