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SAINT-OLAF. G5

viril et naïf, une race de combat, éprise de toute grandeur, dans les visions de laquelle il y a toujours des trônes, des couronnes, des hauteurs. Il y court un souffle guerrier. On dirait une marche à la conquête du ciel. La foi même y est armée. On y entend des sons de trompette, des notes de clairon. Elles font comprendre l'Armée du Salut. Si ces hymnes contiennent le vin de l'Ancien Testament, elles contiennent aussi un peu du miel de l'Évangile. Elles ont des appels touchants, enfantins même, tous les cris de détresse, et elles sont profondément humaines. C’est là leur charme. Le mot « home » y revient souvent et il y a une douceur divine... Quand ces hymnes sont chantées en pleine mer, le dimanche autour d'un lutrin recouvert de l'Union Jack, sur lequel repose la Bible, l’âme doit s'élever aussi haut qu’elle peut monter.

La Bible, les psaumes et les hymnes composent donc la nourriture spirituelle de nos voisins. Comme leur nourriture corporelle, elle est simple et forte. Elle leur donne une mentalité rigide, peu nuancée, plutôt métaphysique. La nourriture spirituelle des Latins, telle aussi leur nourriture corporelle, est plus compliquée, plus fine et plus savoureuse. À côté de la liturgie grandiose, ils ont une foule de petites dévotions, des symboles, des images, le Sacrifice de l’Autel, les émotions du confessionnal. Tout cela gradue leur âme infiniment, la rend ardente et subtile, la tend jusqu’au plus lointain au delà. Ces nourritures diverses doivent être nécessaires à nos essences diverses. Quels merveilleux secrets la nature a pour varier les êtres et les choses !

4.