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L'ILE INCONNUE.

mais sa voix s’enflait d'orgueil en énumérant ces richesses. De temps à autre, son regard s'adressant à l'auditoire semblait dire : est-ce assez beau, cela ? Il n'eut pas été plus fier si ces vases d’or et d’argent, ces boisseaux de pierres précieuses eussent été offerts à son propre roi et je ne suis pas sûre que dans son esprit il n’y eût une vague association entre la grandeur d'Israël et la grandeur de l'Angleterre. Personne ne broncha. Après cette lecture, le chant des psaumes recommença. Je promenai curieusement les yeux autour de moi. La prière qui adoucit les visages latins les transfigure parfois Jusqu'à la beauté, rend les visages saxons plus sévères, plus froids. Je le constatai de nouveau. La manière d'’adminisirer la Communion me charma cependant. Le service achevé, tout le monde sortit. Les fidèles seuls qui désiraient recevoir le Sacrement restèrent. J'eus l'audace d'en faire autant. Trois personnes s'approchèrent alors de la Table Sainte. Et dans un de ces merveilleux silences qui se font quelquefois sur notre terre, elles mangèrent le pain et burent le vin «en mémoire de Lui ». Ces deux services religieux auxquels j'avais assisté dans la même matinée produisirent en moi une impression très nette. En m'éloignant, je me dis : l’âme anglaise est Ancien Testament, la nôtre est Nouveau Testament. Après la Bible, rien ne m’a autant aidée à pénétrer le caractère anglo-saxon que la lecture de ces hymnes qui se chantent non seulement dans les églises, mais sur les places publiques et dans toutes les assemblées religieuses. Elles révèlent un esprit simple, à la fois