Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/78

Cette page n’a pas encore été corrigée
62
L'ILE INCONNUE.

lable en l’au delà. Selon la mentalité, la Bible demeure lettre morte ou devient lettre vivante. Il en est d’elle comme de ces boules de cristal que la science psychique étudie en ce moment. Avec la meilleure volonté du monde, les uns n’y voient que leur nez, pour les autres il s’y forme des tableaux, des figures humaines ou des scènes qui se passent au loin. Les conversions soudaines dues à la lecture du Livre sacré, dont le récit nous a toujours laissés incrédules, peuvent se produire, j’en suis certaine maintenant.

Dans la Bible, c’est surtout l’Ancien Testament qui agit sur l’âme de nos voisins. Leur langue met en valeur sa poésie rude et violente, la nôtre l’affaiblit, la rend ridicule presque ; mais en revanche, elle traduit délicieusement l’Évangile. L’été dernier, j’ai eu le bonheur de pouvoir saisir les reflets de la mentalité religieuse anglo-saxonne et de la latine. C’était aux bains de Schinznach, en Suisse. Dans un coin du parc, on a bâti une toute petite chapelle catholique. Elle donne l’hospitalité au culte anglican, ce qui m’a bien surprise entre parenthèses… mais aux eaux ! Un dimanche, j’y entendis la messe. Il y avait là un certain nombre de baigneurs français, cinq ou six paysannes des environs, quelques femmes de chambre. Le chœur était charmant avec son autel décoré de fleurs, la flamme symbolique des cierges, ses deux statuettes représentant la Vierge et saint Joseph, deux statuettes hideusement enluminées, mais qui avaient un sourire de bonté. Le prêtre nous fit une allocution sur cette parole de l’Évangile : « Laissez venir à moi les petits enfants. » De cet en