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SAINT-OLAF.

à la campagne, et au cours d’une promenade j’entrai avec mon hôtesse chez un de ses fermiers dangereusement malade. Pendant qu’elle causait avec la femme, je vis une fillette de seize à dix-sept ans prendre une Bible qui était sur la cheminée. Elle la tint un instant entre ses mains, les deux pouces sur la tranche, puis l’ouvrit lentement. Son visage s’illumina aussitôt de Joie et d’espérance. Elle vint vivement près du malade.

— Père, vous allez guérir, dit-elle, je l’ai vu dans le Livre, ici sous mon pouce gauche. Et rouvrant le Testament, elle lut : « Il n’arrachera pas le roseau branlant, il n’éteindra pas la mèche qui fume encore », saint Mathieu, v. 20. C’est clair, ajouta-t-elle avec conviction.

— Cela peut être, cela peut être, murmura le malade.

Il guérit en effet, et je l’appris avec plaisir. Je n’aime pas à voir la for trompée.

Les filles du peuple, de la campagne, paraît-il, consultent encore la Bible au sujet de leur avenir. Elles ferment la porte de leur chambre, en placent la clé et la lient entre les pages du grand chant d’amour, le Cantique des Cantiques. Puis, passant l’index dans la boucle, elles posent la question… « Me marierai-je ? » Si le Livre ainsi suspendu vient à tourner, la réponse est affirmative. A-t-il jamais tourné ? On m’assure que oui. Bien d’autres, j’en suis persuadée, des hommes d’État, les gens qui jouent les grosses parties de la vie, l’interrogent en secret et lui demandent conseil, d’autant plus qu’il y a dans l’âme anglo-saxonne une foi innée, inébran-