Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/76

Cette page n’a pas encore été corrigée
60
L'ILE INCONNUE.

qui échappe à l'analyse, une inspiration, un pouvoir mystérieux destiné à agir sur certains esprits comme une force et un frein. De ses mots énigmatiques, de ses phrases incompréhensibles, il se dégage pour Les plus petits une douceur, une lumière qui constitue un véritable phénomène psychique.

Ce matin même ce phénomène s’est produit pour moi. Je me trouvais seule dans la bibliothèque, tout le monde était à l’église. Assise près de la porte fenêtre ouverte sur le jardin, je jouissais profondément de la belle matinée de printemps que nous avions. Le soleil était tamisé par cette brume légère qui, souvent en Angleterre, donne au paysage une immobilité et un aspect de rêve. J’allongeat machinalement la main et prenant la Bible placée sur une pelite table, je l’ouvris au hasard... à la Genèse et Je me mis à lire verset après verset. Le son des cloches, le chant des oiseaux, comme ouatés par cette atmosphère particulière, accompagnaient la poésie sacrée. Il me sembla un instant que les mots flottaient sur les ondes de cette douce musique. J'eus la conscience que Dieu même me disait : « Voici, je t'ai donné toute herbe portant semence qui est sur toute la terre et tout arbre qui a en soi du fruit d'arbre », et, obéissant irrésistiblement à la suggestion, mes regards allèrent aux arbres, aux fleurs du Jardin, à l'herbe veioutée de la pelouse. Ce fut une sensation nouvelle, exquise et trop hrève. J’ai essayé de la provoquer à nouveau dans l'après-midi, mais sans y réussir.

Un jour, j'ai eu la révélation de ce que la Bible est vraiment pour les Angiais. Je me trouvais en visite