Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/74

Cette page n’a pas encore été corrigée
58
L'ILE INCONNUE.


loureux de ces créatures qui marchent pour nous. Leurs robes ternes, leur allure fatiguée, leurs silhouettes efflanquées m'emplissent le cœur de peine et de honte. Je ne puis supporter longtemps ce spectacle. Il révèle trop de souffrance chez la bête, trop d'avarice, d'ignorance et d'indifférence chez l'homme! Viendra-t-il un moment où, sur la terre, il n'y aura plus de chasses à courre, plus de courses de chevaux, plus de guerres ?... où le cerf et le renard ne seront plus de la chair à vanité, le cheval de la chair à paris, l'homme de la chair à canons ?... Viendra-t-il un moment où la nature tuera promptement et miséricordieusement, où il y aura moins de douleur pour l'homme et l'animal? Je le crois... Les forces aux-quelles nous obéissons et que nous secondons semblent travailler à cela. Travaillons donc ferme avec elles !... En attendant, c'est déjà au degré d'humanité envers les bêtes que se mesure le degré de la civilisation

Saint-Olaf. Les Anglais associent toujours les Français avec le Pape comme les Français associent les Anglais avec la Bible. La Bible! Quel accumulateur! Elle a armé des milliers de créatures les unes contre les autres, allumé des bûchers, tué aussi sûrement que les obus, produit des haines féroces, puis elle a vivifié comme le soleil, enfanté des dévouements surhumains, créé des foyers d'amour. Elle a envoyé, elle envoie encore des hommes et des femmes à la mort. Elle a été un don de colère et de pitié. Je ne