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SAINT-OLAF.

école avec sa théologie d’amour et de fraternité. Le prêtre a-t-il craint de laisser soupçonner que ces petits pourraient bien avoir une âme ? Il y avait là peut-être de quoi faire fléchir la corde raide sur laquelle il chemine ! Il a eu peur et il a ignoré l’animal. Ah ! oui, il l’ignore ! Sa gaucherie, sa timidité à caresser un chat ou un chien est toute une révélation, une révélation pénible plutôt. Il en résulte que c’est dans les contrées où l’Église catholique a conservé le plus d’influence que les bêtes sont le moins comprises et le plus mal traitées. L’Espagne en est la preuve. Sur son âme, dans sa chair, elle a comme marque distinctive le combat de taureaux et ce n’est pas précisément un vent d’humanité qui vient à travers les Pyrénées. Ce vent est mauvais pour nous. Les départements sur lesquels il souffle en sont la preuve, ils ont, eux aussi, les combats de taureau. À Paris, du reste, nous avons le bœuf gras. L’année dernière, on parlait, pour terminer la petite fête, de faire jouer la musique sur la place des Abattoirs ! Voilà une bamboula qui ne doit pas différer beaucoup de celles du Congo.

À Paris, hélas ! il y a encore l’aspect lamentable des chevaux, c’est une tache au tableau brillant de sa vie. Les embellissements que rêvent nos édiles ne l’effaceront pas. Elle saute aux yeux de tous les étrangers, provoque l’indignation des sportsmen. Elle me vaut, à chaque instant, des reproches humiliants. Un Américain m’a dit un jour brutalement : « Puisque Paris a tant de lumière, pourquoi n’en met-il pas un peu sur le dos de ses chevaux ? » Du hall de mon hôtel, je vois chaque jour le défilé dou-