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L'ILE INCONNUE.

mitive. Il ne faut pas le gratter bien profondément pour trouver la brute en lui, et cependant il n’est pas cruel. Il est un sportsman né et le vrai sportsman a horreur de la cruauté. Il a la chasse dans le sang. Il est un des agents les plus actifs dans les grandes battues que la nature ordonne pour éclaircir les rangs de certaines espèces. Par conséquent, il aime à tuer, mais il tue proprement. Il y avait autrefois en Angleterre, et il en reste sans doute, des amateurs de combats de coqs, de rats, de chiens. C’étaient des régressifs, des hommes chez lesquels la passion du pari, l’alcool, la nourriture forte entretenaient les pires instincts. La difficulté de se livrer à ces passe-temps de sauvages a diminué considérablement leur nombre. La Société protectrice des animaux a l’œil sur eux. Elle n’est pas un vain mot ici. Elle est toujours sur la brèche, active, vigilante. Par ce bon combat qu’elle livre pour les petits, elle s’honore elle-même et elle honore l’Angleterre plus encore.

A mon grand regret, je suis obligée d’avouer que chez les Saxons et dans tous les pays protestants, les animaux sont plus heureux que chez les Latins et dans les pars catholiques. Selon moi, la faute en est au prêtre. Pendant des siècles, il a dirigé, pétri, l’âme du paysan, de l’homme du peuple et il n’a jamais songé à éveiller son intérêt et sa sympathie pour les humbles collaborateurs de notre vie. Ni dans la chaire, ni au confessionnal, il n’a imposé comme devoir la bonté envers eux. Jésus né entre le bœuf et l’âne ! Quel point de départ cela lui donnait pourtant ! Saint François d’Assise n’a pas fait