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SAINT-OLAF.

miers ont vite reconnu en moi une amie. Quand ils me voient équipée pour sortir, ils me demandent carrément de les emmener... et je les emmène. Je n’ai jamais pu résister à cette prière muette du chien qui met son àme à fleur d’yeux. Par suite de cette impuissance, pendant toute une saison à Vichy, j’ai promené, non seulement le chien de mon propriétaire, mais un de ses copains, un affreux toutou qu’il appelait en passant. Quoi que j’en eusse, ils m’obligeaient à les conduire aux bords de l’Allier et ils m’employaient à leur jeter des pierres dans l’eau. Oh ! cette tyrannie des faibles ! I1 n’en est pas de plus irrésistible

Jack et Bob font mon bonheur, d’autant plus que chacun est une illustration vivante du caractère anglais et du caractère français. Bien que de race irlandaise, Jack a été éduqué en Angleterre, lui et ses ancêtres, il n’a de cette que son poil rude et ses yeux profonds. Admirablement campé et musclé avec un arrêt superbe, il est froid, digne et nerveux comme un vrai Anglo-Saxon. Quand il est content de vous voir, sa lèvre supérieure se retrousse et esquisse une sorte de rire. Son instinct est nettement dirigé contre les lapins et les rats. Au cours de nos promenades, il lui arrive souvent de commettre quelque raticide et il rapporte triomphalement la victime entre ses dents.

Bob, lui, est bien Français. Tout le monde le dit à Saint-Olaf et miss Baring m’affirme qu’elle l’aime à cause de cela. C’est un caniche de race très pure, mais il n’est pas tondu en lion comme ses frères parisiens, il ne porte ni moustaches, ni manchettes.