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SAINT-OLAF.

quotidienne, une ville de cette catégorie serait mortellement triste. On n’y rencontrerait ni femmes, ni jeunes filles. Ici, elles créent un va-et-vient joyeux, les unes en costume tailleur, accompagnées d’un ou de plusieurs chiens, marchent à grande allure comme pour un exercice d’hygiène. Les autres, des petits carnets à la main, vont régler les comptes de la semaine chez les fournisseurs. Puis ce sont des jeunes filles à cheval sans escorte, des charrettes anglaises attelées d’un poney ou d’un àne, remplies de bébés aux belles chevelures flottantes, conduites par quelque clergyman ou par une gentille maman. Autour de ces charrettes gambadent généralement de grands collies ou des terriers rageurs et, enfin, des théories de bicyclistes filant dans le vent avec un joli frisselis de manches légères. L’engouement pour ce genre de locomotion a beaucoup diminué. L’Anglaise est cependant la seule femme qui sache monter à bicyclette et y être gracieuse. La Française, elle, avait cru découvrir un nouvel instrument de coquetterie, elle n’a pas tardé à s’apercevoir qu’elle avait trop de croupe et elle l’a abandonné. La Saxonne pratique en a fait un instrument d’utilité, d’exercice et de liberté surtout. On lui reproche de s’en servir pour mettre de trop longues distances entre elle et la mai son paternelle ou conjugale. Il est de fait que la bicyclette a beaucoup contribué à son émancipation, - émancipation que les moralistes ne laissent pas que de déplorer.

Les Anglais n’ont vraiment l’air anglais que sur le continent. Dans leur pays, ils ne me donnent jamais une impression d’excentricité. Je les verrais sortir en