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L'ILE INCONNUE.

ot vous vous trouvez à une énorme distance de votre point de départ. Des effets de lumière, de perspecti ^•e, le vent dont il est sans cesse balayé, la brume qui y jette son voile, le rendent changeant comme la mer, le font paraître infini, désolé, puis soudainement riant et lui donnent une beauté unique, sauvage, mystérieuse. Il prête aux légendes, aux histoires fantastiques. Personne, à coup sur, ne le traverserait volontiers de nuit. Ce terrain appartenait à lord Spencer ; Wimbledon et Putney ayant appris qu’il se disposait à le vendre pour bâtir en firent Tacquisition afin d’en garder la jouissance. Chaque habitant des deux communes paie une taxe annuelle qui est employée à amortir la dette et à en acquitter es intérêts. Jamais argent ne fut plus intelligemment dépensé, car cet espace libre où l’air salin de la Manche arrive par une échancrure entre les collines de Brighton, est comme un véritable pomuon pour les petites villes oisines et pour Londres même. 11 servait autrefois aux manoeuvres militaires, il est maintenant abandonné aux promeneurs, aux bébés, aux traailleurs de la Cité qui, le samedi après midi, viennent y dresser des camps volants de sport.

Wimbledon possède naturellement tous les types de l’habitation suburbaine. Il y a d’abord, dans la ville basse, des lignées de logettes d’ouvriers avec un peu de verdure devant, une petite cour derrière. Puis d’autres lignées de maisons grises ou rouges de quatre pièces seulement, attenantes les unes aux autres, posées sur le sol, toutes pareilles, comme découpées à l’emporte-pièce. Chacune a un minus-