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LOFTSHALL.

le besoin de changement s'est emparé de mes amis. Madame Baring est la première à se réjouir d'un voyage en Écosse. L'air du large, de l'Océan Atlantique, qui arrive ici par le canal de Bristol, ne lui semble plus assez vif, il lui faut maintenant l'air des Highlands et tout le monde s'apprête au départ.

Loftshall.

Elle sonnera demain, l'heure des adieux, elle n'ira pas sans douleur, mais mes hôtes et moi, nous nous dirons ferme « au revoir ». Depuis deux jours, le silence des fins de choses est tombé entre nous et malgré nous. On voulait me garder, m'emmener en Écosse, j'ai résisté. Il faut savoir partir.

Pendant les trois mois qui viennent de s'écouler, j'ai été l'objet d'un des plus beaux procédés de la nature. Celui qui l'a analysé peut seul savoir combien il est merveilleux et extraordinaire. Pendant ces trois mois, l'Angleterre et Madame la France m'ont prise tour à tour pour ainsi dire, elles m'ont enveloppée, pénétrée de leurs ondes. Je n'ai regardé qu'elles, je n'ai senti qu'elles. Le phénomène va cesser et ne se reproduira plus. Je le regrette. Pendant cette communion, les deux grandes nations me sont apparues telles qu'elles sont réellement, comme deux unités de combat et de progrès dans la vie universelle, comme deux unités de combat entre les mains de Dieu. Je les ai vues. luttant, travaillant non pour elles-mêmes, mais pour l'œuvre divine dont elles font partie. J'ai perçu les courants psychiques qui les unissent, l'échange continu de leurs forces, le rayon-