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« Sœur fiancée. Devinez avec qui ? » « Avec Philippe Beaumont. Heureuse mille fois. » Cette réponse qu’il me montra causa au brave gardon une stupéfaction comique et lui donna une haute idée de la perspicacité féminine.

— Intelligente petite fille, murmura-t-il, avec un sourire tendre en repliant le télégramme comme s’il eût été un autographe de ladite petite fille.

Jack fait ma joie. Il n’a cessé de me questionner sur miss Reynold. Un amoureux rendrait des points à un interviewer américain. Il a su me faire raconter par le menu nos soirées de causerie ; et hier même, avec une faiblesse honteuse, je me suis laissé aller à la lui dépeindre telle que je l’avais vue si souvent dans ma chambre, fine, élégante, assise sur une chaise basse, à contre-jour de la lumière électrique qui mettait une jolie ombre autour de ses yeux.

— Elle me racontait ses rêves, ajoutai-je, des rêves qui ne ressemblaient guère à ceux d’une jeune fille française : tantôt c’était un club ouvrier, une école qu’elle voulait fonder, un couvent même, un couvent protestant, — et elle était résolue à ne jamais se marier !

Cette révélation perfide ne déconcerta pas le jeune « Briton ». Il eut un beau rire moqueur, et jeta en l’air son menton carré avec un mouvement de défi qui lui est particulier.

En voilà un qui saura enlever une place et le consentement de la femme qu’il aimera !

Jack a sur sa mère une influence extraordinaire. Au lieu de respecter ses préjugés, comme le font ses aînés, il les combat avec une hardiesse juvénile.