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L’ÎLE INCONNUE.

— Pourquoi pas ?

— Parce que ce serait invraisemblable. Si Pierre de Coulevain n’avait pas eu pour amie Édith Baring, je doute qu’il fût jamais venu.

— Vous croyez, vraiment… balbutia mon hôtesse. Mais alors cette sympathie aurait été foudroyante ?

— Foudroyante, non… Tenez, voici la jeune personne, elle va vous raconter une petite histoire que vous ignorez.

J’allai vers la fenêtre et je fis signe à Édith.

Elle arriva avec une touffe de roses qu’elle venait de piquer à son corsage. Sa contenance était ferme, ses beaux yeux que l’émotion assombrissait allèrent un peu timidement au-devant de ceux de sa mère. Elle s’assit sur le bras de son fauteuil, puis, attirant à elle sa mère avec un joli geste :

— Mère chérie, commença-t-elle.

La voie était ouverte. Je m’esquivai sans bruit et je montai chez moi.

Vers quatre heures et demie, on frappa à ma porte et les fiancés entrèrent radieux et triomphants.

— Le péché est confessé ! pardonné ! annonça Édith ; nous avons eu toutes les bénédictions, toutes les sanctions. Je suis même un peu humiliée de voir l’empressement avec lequel la famille a consenti à se séparer de moi. Venez la féliciter. Elle nous attend dans le « jardin de curé ». J’ai donné ordre qu’on y servît le thé.

La famille avait, en effet, l’air très heureux. J’embrassai affectueusement mon hôtesse. Les deux frères serrèrent ma main avec une belle vigueur.