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L’ÎLE INCONNUE.

— Mais oui, volontiers. Pour le romancier, c’est toujours un plaisir de travailler sur un sujet vivant.

— Eh bien, je vous laisserai seule avec mère demain, après le déjeuner et, selon votre inspiration, vous m’ouvrirez la voie.

— Soyez sans crainte, demain il y aura une heureuse de plus à Loftshall.

— Dieu vous entende !

Sur cette prière, Édith se leva, mit son bras autour de mon épaule et me pressa tendrement contre elle ; puis, les yeux humides, le sourire ému, elle ajouta drôlement :

— Oh ! vous êtes un « atout » ! Nous appelons ainsi, vous savez, une personne qui vous aide en temps et lieu.

— C’est plutôt agréable de penser que l’on est « un atout » pour ses amis, fis-je heureuse et flattée.

Ma tâche ne fut pas difficile. Dans la vie comme aux cartes, il arrive souvent que votre adversaire joue dans votre jeu.

Le lendemain, Édith alla avec Dick à la rencontre de son fiancé. Le déjeuner fut très gai. Jamais je n’avais vu madame Baring aussi communicative. Évidemment, Philippe Beaumont lui était persona grata et, dans un regard qu’elle appuya sur lui, puis qu’elle reporta sur sa fille, je crus deviner que sa pensée les avait comme instinctivement associés. Rodney avait continué ses observations et tiré ses conclusions, conclusions qui me parurent lui causer une vive satisfaction. Après le déjeuner, comme la chaleur était plutôt forte, les hommes se réfugièrent dans la salle de billard pour fumer, selon leur habi-