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SAINT-OLAF.

contraindre, de réfréner son humeur. Il deviendrait tout simplement enragé.

Chez lui, l’Anglais se met en habit, le Français se met en bras de chemise (moralement). Il a l’habilude, en arrivant, de jeter son fardeau de soucis et de préoccupations au beau milieu de la table de famille, la présence des étrangers serait gênante et il n’a jamais été habitué à se gêner. John Bull vous recevra sous son toit sans vous admettre dans son intimité. Si Madame la France vous ouvre sa maison, elle se croira obligée de vous ouvrir son cœur et elle en garde la clé plus jalousement qu’on ne le croit.

Notre manière de vivre et de sentir produit une concentration plus intense et c’est celte concentration même qui donne à notre âme sa prodigieuse force de diffusion et de rayonnement,

Ai-je deviné un peu ?... un tout petit peu, les causes et les effets de ces mouvements divers qui sont imprimés à nos voisins et à nous ? Hélas, à chaque instant, nous croyons découvrir la vérité. Comme les enfants dans certain jeu, nous nous écrions triomphalement : « je brûle », et puis, une voix railleuse nous répond : « tu gèles. »

Saint-Olaf.

Madame Baring et sa fille ont voulu me donner un changement. C’est là, j’en suis sûre, l’idée bien anglaise qui les a inspirées à m’inviter. Je ne puis m’empêcher de reconnaître qu’elle a du bon. Je me sens toute ravivée par la nouveauté des choses qui