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L'ILE INCONNUE.

belle exhubéraiice de vie. On }• cause librement, on y discute tous les sujets imaginables. Cela crée une intimité réchauiïante qui retient. ous nous suffisons à nous-mêmes, de là notre égoïsme et notre exclusivisme.

Personne n’a jamais vanté l’bospitalité française... et pour cause... Aous vivons de préférence dans les villes, non pas dans des maisons séparées... mais sur des rayons, un arrangement qui n’est pas plus favorable à l’hospitalité qu’à la reproduction, soit dit en passant. L’espace nous est trop parcimonieusement mesuré pour nous permettre d’avoir des hôtes. Comme partout ailleurs, les gens riches, les châtelains remplissent d’amis et de connaissances leurs demeures trop asles. Ils donnent à chasser, à dîner et cela généreusement ; mais dans la classe moyenne, on ne reçoit guère que ses proches parents. Les provinciaux ferment bravement les pièces inoccupées de leurs habitations, ils n’auraient pas l’idée d’inviter quelques citadins à venir se reposer dans leur atmosphère plus tranquille, respirer un air meilleur. Nous ne connaissons pas encore l'efficacité réelle d’un changement de milieu et d’associations. Nous ne saurions du reste ni offrir, ni accepter l’hospitalité avec simplicité. Nous ne l’avons pas dans le sang. C’est un fait d’histoire naturelle.

Avec notre tempérament, l’hospitalité à jet continu telle qu’elle se pratique en Angleterre nous serait intolérable. Je ne puis imaginer sans rire l’état d’âme d’un mari français, nerveux, impulsif, mal discipliné, qui trouverait constamment des hôtes à son foyer, entre lui et sa femme, qui serait obligé de se