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Je me mis à parler de notre départ, de la joie que nous attendions tous de ce « week end » à Loftshall.

— Et je suis de la partie, dit joyeusement miss Talbot. Madame Nerwind, elle, est retenue à Londres. Elle a un neveu et une nièce qui lui arrivent de Ceylan. Nous autres Anglais, nous avons toujours quelque membre de la famille en route.

Sur ce, je racontai l’arrivée de Jack Baring et sa rencontre avec Gladys Reynold.

— Édith est sérieusement menacée d’une belle-sœur américaine, ajouta Ruby, elle qui les déteste !

Cette dernière phrase amena une vive rougeur sur le visage de mon amie et une soudaine irradiation sur celui de mon voisin.

Notre thé, dans l’atmosphère du Wellington, fut intime et charmant. Tout le temps, j’ai senti le grand invisible à l’œuvre entre les amoureux. Il me semblait que j’avais près de moi deux appareils de télégraphie sans fil. Et n’était-ce point cela ?… lui, le générateur… elle, le récepteur ! Je regrettais de troubler, par des paroles oiseuses, le travail sacré. Comme si miss Talbot en eût été affectée, je la vis à plusieurs reprises arrêter ses yeux sur Édith et sur Philippe Beaumont et je dus détourner son attention.

— Je ne vous verrai pas ce soir à l’hôtel Claridge, me dit notre hôte lorsque nous prîmes congé de lui, ma sœur et moi nous dînons en ville ; mais si vous le permettez, j’irai vous saluer demain à Paddington.

— Vous nous ferez plaisir, répondis-je en lui serrant la main.

Nous reconduisîmes miss Talbot Portman Square. Nous fîmes nos adieux à son amie et nous lui expri-