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542 L'ILE INCONNUE.

sérieux, un cadre sévère. Trois touffes de belles roses marquaient notre table. On apporta le thé avec son accompagnement habituel de gâteaux, de fraises, de crème, de tartines beurrées.

Après une seconde d’hésitation, Philippe Beaumont demanda à Edith de vouloir bien le servir. Il y avait dans sa voix une émotion qui ne m’échappa pas.

— Certainement, répondit-elle, avec un petit rire nerveux. Servir le thé fait partie de ma mission ici-bas.

Miss Baring se mit en devoir de remplir ladite mission. Je remarquai le tremblement de ses doigts. Quand elle tendit à Philippe Beaumont la tasse qu’elle lui avait préparée, elle dut forcément le regarder. Il la prit très lentement. Si je ne me trompe pas, à ce moment même la paix se fît entre eux.

Il y avait peu de monde dans la jolie salle du Wellington, mais les hôtes et leurs invitées appartenaient à la meilleure classe et l’ensemble était très élégant.

— Comme c’est solennel chez vous, monsieur Beaumont, dit miss Talbot.

— C’est un club d’hommes qui reçoit des femmes.

— Et qui a même une entrée séparée pour elles, fis-je en souriant. La gracieuseté a l’air d’être faite avec réserve plutôt.

— La réserve n’a rien de désobligeant, croyez-le. — J’en suis persuadée.

— N’avez-vous pas trouvé nos usages mondains bien différents des vôtres ?

— Oui. Tenez, je m’étonne toujours de voir les